ALLIANCES OU "PACTE DE NON-AGRESSION"
Les alliances en Côte
d’Ivoire ou « le Pacte de non agression » sont un phénomène social en
Côte d’Ivoire et partout en Afrique et qui autorise un groupe à
plaisanter avec un autre groupe et à même injurier l’autre groupe sans
risque de se voir agresser.
Lorsqu’il y a une
alliance qui lie deux groupes ethniques, l’un peut empêcher un
enterrement en déposant la feuille d’une plante sur le cercueil.
L’allié qui se trouve
ainsi coincé sera obligé d’offrir à l’allié demandeur, tout ce qu’il
exigera avant d’enterrer son proche.
Sur le site Internet : http://lautreafrique.blogspot.com/2010/12/les-alliances-inter-ethniques.html, il est indiqué que :
« Dans chaque ensemble
d'alliance, il est censé avoir une ethnie chef qui domine sur les
autres (esclaves). Ainsi, l'esclave est tenu d'exercer une hospitalité
sans faille envers son chef, de lui apporter aide, secours et
assistance en cas de nécessité, d'obtempérer à ses ordres et de
satisfaire tous ses besoins, aussi frivoles soient-ils (d'ou parfois
les brimades!). Cependant, une ethnie chef devient à son tour esclave
d'une autre et ainsi de suite. Mais force est de constater que par
ruse, chaque ethnie s'autoproclame chef et considère les autres comme
esclave! Ainsi, seuls les garants de la tradition savent exactement
quelle ethnie est chef et à son tour esclave d'une autre. Les
alliances ethniques donnent occasion à des plaisanteries qui ont pour
seul but l’autodérision puisque l’on doit accepter sans rancune le
regard critique de l’agresseur sur sa propre culture. L'anecdote
suivante illustre ce fait. J’ai assisté récemment à des obsèques dans
un village Dan. Un vieil homme Yacouba y avait rendu l’âme et
conformément à l’alliance, c’étaient des Sénoufos qui avaient creusé sa
tombe la veille, gratuitement en plus. Le lendemain, au moment de
l’inhumation, avant d’y faire descendre le cercueil l’on constata qu’un
crapaud était pris au piège dans la tombe creusée par les fossoyeurs.
L'un des Sénoufo y descendit, pour l'en faire sortir. Il tint la pauvre
bête par la patte et déclara avec mépris : ‘‘Vous les Yacoubas-là,
vous aimez tellement manger les crapauds, qu’un vieux crapaud est venu
se cacher dans votre tombe. Je vous le donne. Prenez-le pour faire
votre cuisine de ce soir !'' Sur ce, il lança le dit crapaud sur
la famille éplorée, rassemblée pour l’inhumation. La famille laissa
échapper des cris d’horreur et un fou rire s’empara de la foule. Ce
geste détendit quelque peu l’atmosphère trop triste qu’imposait la
cérémonie. En réalité, les Yacouba ne mangent pas les crapauds mais
bien les grenouilles ! Mais les Sénoufos disent que c’est du pareil au
même ! L’ultime avantage des alliances inter ethnique est qu’elles
représentent un facteur de paix entre les différentes ethnies à cause du
pacte de non-agression et d’assistance mutuelle qui les lient entre
elles. C’est donc à juste titre que Boniface Batiana** a déclaré : ''Si la parenté à plaisanterie existait entre Tutsis et Hutus, il n’y aurait sûrement pas eu de génocide.''
L’idéal serait donc que le peuple ivoirien revienne sur cette
tradition (peut-être un peu trop rustique, diraient-ils mais tout de
même importante) afin de consolider l’amour et la tolérance inter
ethnique en cette période sensible que traverse ce beau pays. »
Ainsi, il existe alliances entre :
-
Les Attié et les Dida
- Les Attié et les M’batto
- Les Attié et les Kroumen
- Les Attié et les Bakwé
- Les Abron et les Agni
- Les Agni et les Baoulé
- Les Abbey et les Abidji
- Les Ano et les Senoufo
- Les Ano et les Koyaka
- Les Ano et les Djimini
- Les Ano et les Baoulé
- Les Ano et les Godé
- Les Ano et les Agni
- Les Abron et les Baoulé
- Les Abron et les Agni
- Les Abron et les Senoufo
- Les Abron et les Koulango
- Les Abron et les Bron et Ashanti du Ghana
- Les Bété et les Dida ;
- Les Bété et les Gagou
- Les Dida et les Abidji
- Les Dida et les Abbey
- Les Dida et les Adjoukrou
- Les Dida et les Neyo
- Les Dida et les Godié
- Les Dida et les Kroumen
- Les Dida et les Allandian
- Les Adjoukrou et les Ahizi
- Les Ahizi et les Alladian
- Les Adjoukrou et les Alladian
- Les Dida et les Kodê (Baoulé)
- Les Godé avec les Djamala ;
- Les Godé avec les Dida
- Les Godé avec les Baoulé
- Les Godé avec les Anofoué
- Les Godé avec les Koyaka
- Les Godé avec Tagwana
- Les Koulango et les Abron (une forte alliance, à telle enseigne que les abrons ne parlent la leur mais parlent koulango)
- Les Koulango et les Lobi
- Les Sénoufo et les Koyaka
- Les Senoufo et les Yacouba (ou Dan)
- Les Senoufo et les Lobi
- Les Senoufo et les Gouro
- Les Senoufo et les Mahouka
- Les Senoufo et les Koulango
- Les Koyaka et les Lobi
- Les Yacouba (ou Dan) et les Gouro
- Les Koyaka et les Djimini
- Les Koyaka et les Koulango
- Les Koyaka et les Tagwana
- Les Yacouba (ou Dan) et les Djamala
- Les Yacouba (ou Dan)et la Tagwana
- Les Yacouba (ou Dan) et les Mahou
- Les Gouro et les Tagwana
- Les Gouro et les Djamala
- Les Gouro et les Djimini
- Les Gouro et les Peulh de la Guinée Konakry
Les alliances ont été crées suivant des légendes propres à chaque cas.
Pour l’alliance entre
YACOUBA et SENOUFO, la légende fait ressortir que « les YACOUBA à un
guerrier SENOUFO qui s’était introduit sur leur territoire sans
s’annoncer, comme un « bandit ». Ce dernier a commis des actes de
maltraitances sur des SENOUFO et fait des sacrilèges. Ne pouvant pas le
combattre par les armes, les YACOUBA donne au guerrier une femme. Le
SENOUFO en prend plaisir et exige avoir désormais la femme du Chef
des YACOUBA. Pour laver l’affront, les YACOUBA demandent au guerrier
SENOUFO de leur offrir un bébé panthère ou un bébé éléphant mais ne
pouvant pas réaliser cet exploit, les YACOUBA ont pu ainsi rétablir
l’honneur de leur Chef. Aujourd’hui encore, les YACOUBA estiment que
les SENOUFO leur restent redevables de ce qu’ils ont demandé. »
Au total, les alliances
bien que considérés par certains comme « dures », consolident l’amour
et la tolérance entre les ethnies .